La série de peintures "A l'intérieur du parfait" est née dans les premières années de ma vie en France, lors de laquelle tout me semblait anormalement lisse, calme et trop droit. Paysages urbains aux rues symétriques, façades soigneusement plâtrées et passants invariablement souriants me reviennent pêle-mêle. Étant arrivé de la Russie bruyante et négligée dans ce monde idéal, je me sentais superflu, comme une tâche de bortsch* sur une nappe blanche comme neige.

 

On pense généralement que la solitude n'est associée qu'aux expériences intérieures d'une personne, mais elle a souvent une base absolument matérielle. Un lit froid, le bruit d'un robinet qui coule dans la cuisine, des brûlures d'estomac causées par des aliments inhabituels ; ce sont des petites choses invisibles dans une situation normale mais qui peuvent vous rendre fou si vous êtes seul.

 

Chaque œuvre de cette série possède un détail particulier : une allumette, un sachet de thé, etc. Que je colle sur la peinture. Ces objets du quotidien sur une couche picturale presque stérile sont le symbole de mon altérité. En plaçant ces objets, je sens que le spectateur peut devenir un élément précieux de toute composition, tout en conservant le droit de rester lui-même.

 

*Bortsh : soupe traditionnelle russe à base de betterrave.